dimanche 15 janvier 2012

Edito

En ce début d'année 2012 marqué par la crise économique mondiale, la gastronomie française va devoir s'affirmer pour garder sa notoriété.
    Il est vrai que la crise touche actuellement un grand nombre de pays européens. La France n'est bien entendu pas épargnée. Ces problèmes économiques peuvent laisser à penser que la gastronomie française, dans le grand cercle de la mondialisation, va perdre de sa superbe.
    Rappelons nous pourtant qu'il y a pratiquement deux mois, nous fêtions l'anniversaire de l'entrée de la gastronomie française au patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO, le 16 novembre de l'année 2010, et qu'elle a donc été reconnue dans le monde entier. Il est vrai qu'à cette époque, toute la sphère de la gastronomie française ainsi que des institutions étaient très satisfaites de ce verdict.
    Qu'en est-il aujourd'hui? Sommes-nous en droit de douter de l'avenir de cette place de prestige pour notre gastronomie? Malheureusement oui.
   Dans ce contexte de société et d'habitudes changeantes, la gastronomie française a la vie dure…

Des atouts indéniables

La France est depuis de nombreuses années un pays mondialement reconnu pour la qualité de sa gastronomie. Pour preuve, lorsque les étrangers et même les Français évoquent la France, sa gastronomie est généralement l’un des éléments culturels qui revient en premier.
Si elle peut jouir d’une telle notoriété, c’est par le fait qu’elle possède certaines caractéristiques bien à elle et qu’elle tente et a tenté à travers l’Histoire de conserver.
D’une part, la qualité de la nourriture est le souci majeur de la gastronomie française. Des Labels et des appellations d’origine ont été créés pour assurer les consommateurs sur la qualité des produits.
D’autre part, la gastronomie française est dotée d’une grande diversité selon les régions, chose ayant une grande importance dans ce qu’on appelle le tourisme gastronomique : Dijon, Paris, Bordeaux, Cognac sont autant de noms de villes connus des étrangers par rapport à leur intérêt pour les spécialités culinaires françaises. Certains produits sont même utilisés dans les pays étrangers en tant que plat de prestige dans leurs restaurants comme la quiche lorraine qui figure en bonne place à la carte des grands restaurants de Los Angeles aux Etats-Unis par exemple.
La mondialisation a ensuite permis à la France de montrer d’autres atouts et ce à toutes les époques : elle est capable d’inclure dans ses spécialités des aliments autrefois inconnus et qui ont été ramenés par le processus de mondialisation comme la tomate ou la pomme de terre. La gastronomie française s’exporte également énormément grâce au tourisme et donc grâce au processus de mondialisation. De nombreux restaurants et magasins de produits français naissent dans divers pays du monde.
Enfin, le 16 novembre 2012, la qualité et les forces de la gastronomie française sont à nouveau mises en avant avec son intronisation au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO.
La gastronomie française a su se développer à travers les âges grâce à la conservation des traditions mais aussi en se confrontant aux autres cultures gastronomiques, l’enrichissant encore plus, et lui donnant une image reconnue aujourd’hui mondialement.

le 16 novembre 2010, la gastronomie française à l'honneur

Comme nous l'avons expliqué dans notre précédent article, la gastronomie française a été il y a un peu plus d'un an ajoutée au patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO.
Cette image personnifie la gastronomie française sous la forme d'un chef qui est "conservé" dans un musée qui intéresse nombre d'adeptes qui ne cessent de le photographier.
D'une part cela met en avant le fait que la gastronomie française est reconnue dans le monde comme étant une référence mais d'autre part le fait qu'on voit un panneau indiquant "la Joconde" peut laisser à penser que c'est une manière de protéger un savoir faire et des traditions qui sont aujourd'hui en danger dans notre contexte de société.
Cette approche sera développée dans notre prochain article.

Les dangers de la mondialisation trop peu pris en compte.

Ces temps-ci, on entend et on voit partout des émissions de radio et de télévision présentant des recettes de gastronomie française à longues préparations et on nous rappelle toujours que la gastronomie française a été, l’année dernière, ajoutée au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO. Ce sont deux éléments évidents montrant qu’on essaye de la protéger comme une espèce en voie de disparition, telle une mise sous cloche. On veut nous faire croire que les gens ont encore le temps de se consacrer à nos traditions malgré les obligations que nous impose la société dans laquelle nous vivons.
Va-t-on changer la société et ses rythmes nous laissant de moins en moins de temps seulement au nom de la conservation des traditions et des préparations de la cuisine française ? La course en avant vers la croissance et l’expansion des marchés et de l’industrie nous forcent à en douter.
Ce phénomène de course à la performance, l’allongement des trajets domicile-lieu de travail, la diminution du temps que l’on a pour soi et le développement des repas surgelés tout près à être consommés sont autant de facteurs dus à la mondialisation qui montrent que les traditions sont en train de passer au second plan.
Les jeunes qui déjà aujourd’hui sont plus attirés par la nourriture étrangère comme les fast-food ou autres pizzas et kebabs vont-ils par quelque miracle défendre leurs traditions, qui plus est une fois qu’ils seront à leur tour dans le rythme infernal du monde du travail ? L’avenir nous le dira mais il paraît évident que la gastronomie française et sa préservation ne pèsent pas lourd dans la balance.
Enfin, il faut bien sûr se dire que dans l’immense majorité des gens du monde, les aliments les plus connus et les plus populaires, ne sont pas les produits français mais les hamburgers, signe d’américanisation et la pizza, qui est devenue une référence dans les milieux populaires. Il est certain que la gastronomie française renommée comme on aime à le dire, est surtout connue des milieux plus aisés dans les populations étrangères.
Aujourd’hui, combien de personnes peuvent se vanter d’avoir goûté aux produits du terroir français comparé au standard américain ? Posez-vous la question…

Bibliographie

Assouly, Olivier. La gastronomie française, « patrimoine immatériel » [en ligne]. Rue89, 2008, [consulté le 10 novembre 2011]. Disponible sur : http://www.rue89.com/2008/04/01/la-gastronomie-francaise-patrimoine-immateriel

Ce document pose la question de la légitimité de la gastronomie française à être élue au patrimoine immatériel de l'UNESCO. L'auteur montre que c'est peut-être un moyen de sauver la gastronomie française comme un animal en voie de disparition et que la mondialisation a des effets négatifs sur la gastronomie française.

Briand, Karine. Mondialisation et tables populaires : pizza ou hamburger ? [en ligne]. Lestamp, 2005 [consulté le 10 novembre 2011] disponible sur: http://www.lestamp.com/publications_mondialisation/publication.briand.htm

C'est une analyse des pratiques alimentaires des milieux populaires. L'auteur insiste plus sur deux aliments étrangers majeurs ayant beaucoup de succès et d'influence dans les habitudes alimentaires.


IESA, élèves et professeurs. Les habitudes alimentaires [en ligne]. Iesanetwork, 2008 [consulté le 9 novembre 2011]. disponible sur: http://www.iesanetwork.com/crocsante/pages/habitudes.htm

Ce document montre ce que les gens consomment trop ou trop peu en séparant les différentes classe d'âge et indique que les produits trop consommés (surtout par les jeunes) viennent surtout des Etats-Unis. 

Prunier, Alain. Cuisine française - UNESCO  [en ligne]. alain-prunier 2010, [consulté le 1 janvier 2012]. Disponible sur: http://alain-prunier.com/blog/public/WindowsLiveWriter/CuisinefranaiseUnesco_12C90/cuisine_francaise_unesco_blog_2.jpg  

Saunier, Claude. Les nouveaux apports de la science et de la technologie à la qualité et à la sûreté des aliments [en ligne]. Sénat 2004, [consulté le 18 novembre 2011]. Disponible sur :http://www.senat.fr/rap/r03-267/r03-267.html

C'est un rapport avec plusieurs sous parties dont certaines étaient pertinentes par rapport à notre sujet. Il rend compte des transformations de nos modes alimentaires, de la place de l'industrie alimentaire française dans le monde et des conditions de maintien de notre culture gastronomique.